Christian Schneider nous offre une nouvelle littéraire de plus de 30 pages
En Anticipation.
J’avais 28 ans. Quelques mois avant que je parte en Equateur, la révolution couvait en France, mais comme les nombreux mouvements sociaux n’avaient jamais abouti dans le passé, je pensais que le dernier en date aurait le même destin. L’oligarchie qui nous gouvernait avait tous les médias à sa disposition. Elle manipulait l’opinion et arrivait à conserver le pouvoir, soit en mâtant les opposants, soit en créant des divisions dans la classe populaire.
Les événements qui ont eu lieu pendant mon absence se trouvent décrits dans tous les livres d’histoire. Je ne vais pas en parler puisque je n’y ai joué aucun rôle, ayant été absent de France pendant dix ans à cause de ma détention en Colombie.
Ma compagne et moi, n’étions jamais allés en Amérique du Sud. L’Equateur nous avait tentés en raison de la variété de ses paysages. Le lendemain de notre arrivée, nous avons voulu visiter la ville de Quito. Nous sommes rendus au marché. Notre attention y fut attirée par un cochon que des paysans faisaient rôtir en plein air. La scène était très pittoresque, et ma compagne me dit de la filmer. Je dus me servir de mes deux mains et lorsque j’eus fini, je portais à nouveau ma main sur ma poche, mais le portefeuille avait disparu. Je criais au voleur. Une femme se trouvait devant moi avec un sac. Je l’accusais mais elle ouvrit son sac et je dus constater qu’il était vide. Je me trouvais sans argent et sans carte de crédit.
De retour à l’hôtel, je téléphonais à ma banque pour qu’on m’envoie une nouvelle carte à l’hôtel où nous résidions. Dans l’attente, nous sommes restés plusieurs jours dans cet hôtel et nous avons sympathisé avec le patron. Nous mangions avec lui et sa nouvelle femme, une jeune Equatorienne qui attendait un enfant de lui.
Un jour un nouveau convive arriva, c’était un homme de 52 ans, un ami du patron. Il venait en Equateur pour monter des casinos. Il voyageait avec une femme de 22 ans qui était restée dans la chambre et il m’expliqua que les femmes, il fallait les surveiller comme le lait sur le feu. Comme il était beaucoup plus âgé que sa conquête, qu’il était atteint de calvitie et qu’il voulait plaire, il s’était fait poser des implants et une semaine plus tard, les nouveaux cheveux étaient tombés. Il prit son pistolet, et était décidé à envoyer une balle dans le genou du médecin qu’il pensait indélicat (véreux). Le médecin lui expliqua que c’était normal et que les cheveux allaient repousser. C’est effectivement ce que je pus le constater.
Nous avons fini l’apéritif quand la fille est arrivée. Elle regardait en dessous et était sinistre. Je fis une ou deux plaisanteries et elle finit par se dérider. Après le repas, je la rencontrais dans le hall. Elle me demanda ce que nous faisions à Quito. Je lui racontais notre mésaventure quand son compagnon apparut et nous jeta un regard noir. Il dit d’une voix courroucée à la fille de le suivre dans la chambre. On peut s’attendre à tout d’un homme jaloux et violent ; pourtant je ne pensais pas que ce coup d’œil pouvait avoir des conséquences.