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Le site de référence de l’éco-sociétalisme,

Retranscription et téléchargement pdf  du livre paru en 2005 aux éditions Yves Michel,

complété de quelques ajouts..

André-Jacques Holbecq


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Pour commencer, 

Préface de Patrick Viveret

Le livre d’André-Jacques Holbecq appartient à cette littérature bien exprimée par les promoteurs historiques de l’économie sociale et solidaire, les Owen, les Proudhon, les Fourier ou les Godin, celle de l’utopie concrète.
Utopie au sens originel d’un autre lieu permettant un autre regard sur le monde et cet autre regard permettant lui même de penser d’autres solutions à des problèmes vus sous un angle neuf. Mais utopie concrète car la radicalité de cette autre approche est au service de propositions extrêmement précises, détaillées voire chiffrées. Cette méthode a l’avantage de permettre la discussion démocratique : sur la monnaie, le capital, les revenus, les modalités de création d’une nouvelle « societaxe » très originale, cette approche permet d’ouvrir des questionnements, des adhésions souvent, des désaccords parfois. Dans tous les cas on y trouvera un stimulant passionnant pour toutes celles et ceux qui ne se satisfont pas des dégâts écologiques et humains que produit ce que Joseph Stiglitz a nommé le « fondamentalisme marchand » dans son livre « la grande Désillusion ».
Un lecteur qui n’aurait pas lu d’autres textes d’André-Jacques Holbecq pourra certes se trouver quelque peu désarçonné par le propos presque technique de l’auteur. C’est en effet que celui-ci a choisi dans cet ouvrage de s’affronter aussi précisément que possible à la concrétisation des formes d’alternative à promouvoir au cœur de ce projet qu’il nomme l’écosocietalisme. Le terme renvoie à la dimension tout à la fois écologique et sociétale d’un projet alternatif plus large que la vision trop souvent étroite que nous nous faisons du domaine « social ». L’économie sociale et solidaire l’utilise de plus en plus souvent par exemple par la pratique du « bilan sociétal » qui permet une évaluation de l’activité de l’entreprise sur des critères écologiques et sociaux et pas seulement économiques et financiers ou par l’expérimentation en démarrage, dans le cadre d’un programme Equal européen, d’un projet de monnaie d’utilité écologique et sociale, le « sol« .

Si ce type d’ouvrage vient à son heure c’est que nous sommes dans une période historique critique où nous avons besoin de traiter les racines des principaux problèmes auxquels est confrontée l’humanité.
Souvenons-nous de la phrase d’Antonio Gramsci : l’ancien monde est en train de mourir, un nouveau monde est en train de naître, mais dans cette période intermédiaire, des monstres peuvent apparaître. Nous sommes en train de vivre cette période, et les monstres sont apparus, avec des logiques irrationnelles et de grands dérapages collectifs, comme les guerres, les fondamentalismes et les terrorismes qui y sont associés.
Rappelons-nous les analyses prophétiques des années Trente, applicables à notre crise actuelle. Keynes avait parlé non pas d’une crise économique mais d’une crise de l’économique, car nos sociétés sont structurées autour de la lutte contre la pénurie et la rareté, alors que le problème actuel est souvent celui d’une abondance, qu’on ne sait pas gérer et qui génère ce que Keynes osait nommer, dans ses « Essais sur l’économie et la monnaie » une dépression nerveuse collective.

Les symptômes de la crise sont particulièrement visibles dans nos sociétés matériellement sur-développées, mais en voie de sous-développement sur le plan affectif, éthique et spirituel. En effet, nos sociétés, de plus en plus fascinées par les technologies de communication souffrent en réalité d’une triple rupture de communication : avec le cosmos et la nature, dans le rapport avec nous-mêmes (intériorité, sagesse, méditation) et dans le rapport à autrui.
Il faut entendre les grands dérèglements actuels, et y voir la nécessité de changer de paradigmes, de paramètres sociaux et économiques. Par exemple, l’essentiel de l’activité humaine est pensé autour de l’activité économique, une économie réduite à sa composante productiviste et industrielle, dont les effets destructeurs – sur l’environnement, et le tissu social – sont avérés. Ce modèle n’offre aux hommes qu’une seule perspective, devenir un producteur compétitif, l’autre étant un rival dans cette compétition. C’est la logique guerrière de la domination, de la captation des savoirs et du sens, de la possession des biens, et de l’autre. Dans ce modèle, on compense la pauvreté du projet de vie par une excitation dans l’ordre de l’avoir (consommer, posséder, dominer) et par le divertissement au sens pascalien du terme.

A cette logique en impasse s’oppose une autre logique, celle de ce que Pierre Rahbi nomme la « sobriété heureuse » ou Majid Rahnema « la simplicité volontaire ». C’est une logique de l’art de vivre et du bien être en entendant pleinement le terme « être » dans ce terme trop souvent banalisé.

La logique de l’avoir est illustrée par cette phrase de Gandhi : Il y a suffisamment de ressources sur cette planète pour répondre aux besoins de tous, mais pas assez pour satisfaire le désir de possession de chacun. Cette logique a une limite écologique évidente. En termes d’empreinte écologique, on a mesuré que si les pays en développement adoptent le mode de vie des pays riches, il faudrait l’équivalent de plusieurs planètes en 2050 ! On comprend bien que le vieux monde ne peut plus continuer sur de telles bases.

En matière de climat, au lieu des petits pas du protocole de Kyoto – que l’on n’applique pas alors qu’il est déjà insuffisant – il faut des politiques publiques qui disent la vérité, et mettent en place les conditions démocratiques et culturelles pour examiner ensemble ce qu’il faut faire, si nous voulons éviter le désastre.
Nous parlons là d’une cure de désintoxication radicale : il ne s’agit pas de « verdir » le mode de développement actuel, mais d’en changer totalement la nature.

Il faut aussi changer nos modes de comptabilité nationale, car nos calculs des richesses sont en grande partie contre-productifs. C’est une erreur de penser qu’il y a d’une part des entreprises productrices de richesses, et d’autre part des activités qui ponctionnent ou prélèvent les richesses. Une entreprise serait impuissante dans un monde où l’eau serait devenue inconsommable, la terre empoisonnée et l’air irrespirable. Le non sens est le même si la population est illettrée et en mauvaise santé, du fait du démantèlement des services publics, ou si l’incivilité se développe. Ce qui veut dire que les biens communs essentiels (environnement, santé publique, morale civique…) sont aussi fondamentaux que la création et la transformation de richesses réalisée au sein de l’entreprise.

Voilà quelques unes des raisons qui nous poussent à écouter ceux qui, comme André-Jacques Holbecq et les membres de son collectif, le « GRESSO« , cherchent à donner un contenu concret aux projets alternatifs. C’est le mérite de ce livre que d’y contribuer avec force.
Patrick Viveret
Philosophe, Magistrat à la Cours des Comptes.
Auteur, entre autres, du rapport « Reconsidérer la Richesse » (éditions de l’Aube) et de « Pourquoi ça ne va pas plus mal ? » (Editions Fayard).

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