Translation
A l'origine
Eco-sociétalisme Livre au 08/12/09
Système monétaire Développements
Aujourd'hui...
Demain Ecoocivisme
Ecoocivisme
Lettre d'information
Visites
visiteurs visiteur en ligne Préférences
Se reconnecter --- 3 membres
( personne )
Recherche
|
Ecoocivisme - b - Avant-propos
Avant-propos Au commencement, le selisme. Depuis 1995, à l'inspiration des LETS anglo-saxons1, la mouvance SEL en France innove et fermente. Les rapports humains dans les communautés nationales et les collectivités sont organisés, structurés, régis par le système politique dit démocratique. Mais hélas, force est de constater que ce système, soumis à des facteurs mondiaux, laisse sur le bord de la route quantité de miséreux, de chômeurs, rejetés, exclus de la vie économique et sociale, réduits à quémander l'assistanat humanitaire lorsque l'assistance sociale publique leur est refusée. Le discours politique n'est plus porteur d'espérance. Les pratiques et les carrières politiques mènent trop souvent devant les tribunaux. Faut-il pleurer, en rire ou essayer d'en sourire? Faut-il se mobiliser et lutter? Ce n'est pas la motivation des Selistes ni l'objet des SEL. Il est évident que ce qui fait marcher ces associations n'est en aucun cas l'esprit combattant, quoique les valeurs de dévouement, de solidarité, ou de bravoure puissent aussi y être mises en oeuvre. Le seliste n’est pas nécessairement un militant décidé à expérimenter et promouvoir une règle du jeu socio-économique générale différente. Le SEL est un comité restreint, organisé dans la proximité humaine du cadre de vie journalier, propice à l'intérêt de chacun des participants. L'adhésion ne comporte aucune décision de soutenir une forme nouvelle, expérimentale, de rapports de solidarité économique et sociale. Le selisme est et demeure Solidarité Economique Locale multiple et discrète. Les SEL survivent ainsi. Car toute organisation nouvelle à caractère économique et social se trouve confrontée à des règlements et des prérogatives bien établies : administratives, financières, judiciaires, etc. dont il faut courageusement et constamment tenir compte. L'environnement du mouvement SEL, en 2006, perdure, angoissant, et fait obstacle au développement d’un véritable mouvement. Mais au sein de chaque SEL, des adhérents soucieux de l'aspect "politique" de leur démarche solidaire participent à la réflexion et s'expriment sur le sujet. Amère constatation : le capital dicte sa loi Le système de propriété capitaliste a conquis le monopole de gestion des échanges économiques mondiaux. Sa règle inflexible impose le développement prioritaire du profit financier du capital. Sa survie génère de terribles crises succédant à des périodes de "reprise" : c'est la "roue carrée" souvent évoquée. Le "bien-être" de l'espèce humaine et de son environnement sont, de fait, des critères secondaires. Les pouvoirs politiques de tous les pays développés sont chargés d'assurer la survie des exclus du système en taxant et en empruntant. Le contribuable paiera les dettes sociales. En 1996, pour la première fois dans l'histoire de l'activité économique de l'humanité, un seul et même système, le système capitaliste, et sa monnaie-étalon, le dollar, vont, avec l'intégration prochaine du marché chinois, s'étendre à l'ensemble de la planète. Le capitalisme s'épanouit dans la spéculation où se réinvestissent les plus-values du capital obtenues par l'expansion du machinisme, la réduction de la part de main-d’œuvre, la conquête de monopoles. La dévotion due au "profit" est concélébrée par le système bancaire et les compagnies multinationales; ensemble, ils exploitent à outrance les ressources naturelles, disséminent les déchets, soutiennent financièrement les carrières politiques, "cornaquent" les pouvoirs, corrompent les décideurs et les élus pour que se généralise et perdure cet ordre des choses; ensemble, ils veillent à contrer toute initiative susceptible de réduire ce profit ou d'imposer un partage ; ils subjuguent les églises, alimentent et utilisent les mafias, suscitent les troubles et tirent bénéfice des conflits. Ni explication ni justification ici. Force est seulement de constater lucidement la suprématie, la globalité, la puissance du dieu "profit capitaliste". Autre constatation : l'échec des utopies. Après beaucoup d'autres projets de société, et durant quelques décennies, l'alternative marxiste a tenté de contester l'organisation capitaliste de la société. Vinrent les désillusions et échec de l'expérience étatique communiste. Le manifeste fondateur du parti communiste était toutefois source de réflexion pour envisager l'évolution sociale planétaire. Revenons-y un instant. Marx, dans le projet communiste, donnait à "ceux qui produisent" (c'est à dire les prolétaires), la mission d'abolir la forme "bourgeoise" de propriété et de transformer le caractère social de celle-ci. Objectif : empêcher le travail de se transformer en capital, donc en puissance sociale susceptible d'être monopolisée. Le but annoncé n'a pu être atteint, même dans les pays socialistes. Et l'on continue d'observer sur toute la planète le jeu des ambitions politiques, dans tous les régimes, démocratiques ou non; les meneurs, leaders, dirigeants, pseudo révolutionnaires, intégristes, nationalistes appellent partout au combat. Les trésors de guerre et les stocks d'armes se constituent et s'accumulent. Les promesses au nom desquelles nous sommes journellement conviés à nous mobiliser, à combattre telle "majorité", à dominer telle "opposition" sont de moins en moins crédibles et finalement, chacun, s'il le peut, prend position dans la course au profit. Dans les démocraties comme ailleurs, l'immense corps des affamés, miséreux, demandeurs d'emploi, exclus, est condamné à "se débrouiller"! Dans le Tiers-monde, Moyen-Orient, Amérique Centrale et Amérique Latine, s'éternisent la misère, les guerres, les épidémies, les intégrismes. Partout, les édiles alimentent en dollars leurs comptes en Suisse. Ni explication ni justification ici. Mais force est de constater l'échec quasi-total du projet communiste, l'enlisement des alternances socialistes démocratiques, la disparition des idéologies porteuses d'espoir social.
Les alternatives se développent Et pourtant! Malgré l'absence de projets sociaux, politiques ou idéologiques crédibles, malgré les "lézardes" des démocraties, apparaissent, comme en tâtonnant, des pratiques étonnantes. Elles semblent être porteuses à la fois de valeurs humaines désintéressées et de dérives sectaires inquiétantes. L'utilisation mondiale du réseau informatique Internet pour la diffusion et la circulation de l'information, le bénévolat et l'apparition d'Organismes Non-Gouvernementaux de lutte contre les fléaux mondiaux, l'arrêt des essais nucléaires et l'utilisation des forces militaires au profit du "maintien de la paix" sont plutôt de bons exemples. Le surprenant renouveau de la pratique du troc semble participer de la même démarche et concerne aussi l'émergence des associations SEL. Ni explication ni justification ici. Force est de constater et d'observer son rapide développement en des zones très diverses de la planète. Un espoir : le troc nouveau est arrivé Depuis quelques années apparaît un troc "nouveau" à côté de la survivance du troc traditionnel, complémentaire et non-antagoniste du monétarisme généralisé des échanges. Il reflète un état d'esprit en évolution chez les commerciaux, mais aussi chez les particuliers, producteurs-consommateurs de biens et de services, dans le contexte des crises économique réelles ou entretenues. Le troc "bartering" est-il réel facteur de développement économique dans le contexte capitaliste ? Le troc LETS et SEL est-il bouée de sauvetage, solution de survie, pratique-test efficace pour jauger la sincérité des acteurs de transactions économiques, établir de nouveaux rapports de confiance entre particuliers? La réciprocité confiante a déserté nombre d'associations. (Souvenez-vous du scandale, en France, de l'ARC). Les relations sincères d'échanges non-monétaires sont rares. Des adhérents se côtoient loyalement, "à condition de réciprocité", s'y engagent pour promouvoir l’être individuel et collectif en des pratiques rigoureuses dans leur simplicité apparente. S'y rencontrent les militants ulcérés par les magouilles politico-financières, et encore celles et ceux qui n'ont pas renoncé à un projet écologique simplement humain pour la planète de nos petits-enfants. Il ne s'agit pas pourtant, en faisant un détour par le troc, de vouloir abolir la forme "bourgeoise" de propriété, de transformer le caractère social de celle-ci, de tenter d'empêcher le travail de se transformer en capital, en puissance sociale susceptible d'être monopolisée. Non! Même si le troc peut, en principe, y contribuer, cela semble être le dernier des soucis des participants aux "foires SEL" où s'échangent bijoux artisanaux contre cochonnailles garanties fabriquées à la maison sans colorant. Les SEL proposent prosaïquement à celles et ceux qui ont pu ou su s'intégrer au système, ouvriers, employés, cadres, intellectuels ainsi qu'aux plus démunis, descendants des prolétaires marxistes, cols bleus et cols blancs, aux damnés de la terre, aux laboureurs de la mer, de jouer différemment une partie du temps que nous avons à passer ensemble, "ici-bas". Cette nouveauté extraordinaire, un temps, a attiré nos incontournables médias-capitalistes et leurs enquêteurs sincères-sympa toujours bien accueillis. C'est nouveau, croient-ils, ça devrait donc se vendre bien. Le troc est médiatique En France, dans le courant de l'année 1993, la journaliste Anne Fiess assure la conception et la parution d'une rubrique consacrée au troc dans un cahier mensuel de la revue "ACTUEL". Les annonceurs étaient tenus de soigner la rédaction des textes et d'assurer la réciprocité des offres et demandes dans les échanges proposés. Cette première tentative laborieuse fut suivie par celle du quotidien "Le JOUR", disparu depuis. Une rubrique "troc" suscite une cinquantaine de lettres quotidiennes et concerne surtout le petit électroménager et les services. Les participants semblent motivés par le souci d'éviter les "gâchis", de ne pas jeter des objets "en double", ou démodés mais encore en état de servir. Cette tendance est ensuite confirmée par les lecteurs du journal TROC TOUT, lancé en mars 1994, par un journaliste qui réalisait là un vieux rêve. Consacrée exclusivement au troc, cette publication fut un véritable succès de curiosité pour ses premiers numéros, mais a du cesser sa parution pour une durée non déterminée. TROC TOUT a permis de cibler un lectorat composé de collectionneurs, de propriétaires de choses "invendables", et aussi de personnes démunies proposant, en hiver surtout, des échanges de services contre nourriture ou vêtements. La télévision a offert une émission hebdomadaire (troc-moi-tout, chaîne 3) assez marginale par rapport à la masse des programmes diffusés. Un certain nombre de reportages sur les SEL se succèdent sur les diverses chaînes, dans nos quotidiens et revues. Alors, le troc, nouvelle règle du jeu ou vrai projet social ? Le troc - projet social Il se confirme, en 2006, que le troc n'est pas, en lui même, un projet politique et social capable d'affronter les machineries capitalistes ou autres : il est tout au plus un lieu de résistance, (de Résistance pour les plus anciens d'entre nous). Point de brillant intellectuel médiatique pour y voir le laboratoire où se prépare l'émergence d'un futur planétaire différent, composante de ce 21ème siècle mystique annoncé par l'un de leurs célèbres prédécesseurs. Celles et ceux qui ont encore foi en la sagesse humaine, et pas deux pieds dans le même sabot ont simplement, croyons-nous, initié entre-eux, doucement, gentiment, une véritable divergence et nous invitent à les rejoindre. L'analyse permet de penser que l'humanité, menée par son instinct de survie, expérimente, avec le retour au troc, la mise en oeuvre d'un véritable changement de civilisation. L'humanité, de civilisation en civilisation Les civilisations sont les chapitres de l'histoire de l'humanité. Leur succession raconte l'évolution des sociétés, des croyances, des arts, des techniques et des relations humaines. Chaque civilisation a puisé une énergie collective dans la volonté de s'étendre à une zone géographique de plus en plus large, jusqu'à ce que la civilisation vieillissante soit supplantée par une autre organisation sociale, de nouvelles techniques et une évolution culturelle venues d'autres régions de la planète Chaque nouveau projet, importé par les armes, devait alors obtenir la soumission puis l'adhésion de plusieurs générations d'individus. Pour naître et s'implanter, se développer et durer, un projet de civilisation doit, au minimum, répondre à trois conditions fondamentales pour satisfaire l'intime conviction des individus et la conscience collective des communautés.
Et inversement, lorsque ces conditions ne sont plus satisfaites, une autre civilisation peut apparaître, DOIT apparaître, pour dominer, balayer ou remplacer la précédente. Une civilisation malade, en sursis Pour la première fois dans histoire humaine, une civilisation - la civilisation industrielle - s'est étendue à l'ensemble de la planète. Le système capitaliste qui lui est associé a monopolisé la gestion de la richesse et des échanges du monde entier. Cette civilisation, comme toutes les précédentes, poursuit sa volonté d'expansion. Elle a exploré le sous-sol, le fond des océans, occupé le champ orbital de la planète, posé l'homme sur la lune! Elle expédie ses vaisseaux vers de plus lointaines planètes, elle poursuit sa prospection par les ondes, utilise microscopes et télescopes pour élargir ses champs d'action. La civilisation industrielle remplissait les trois conditions fondatrices:
Cette sorte de contrat moral, à présent rompu, est la cause profonde du désarroi des individus et des communautés humaines de la planète. Ces options fondamentales ont été dévoyées, oubliées ou rejetées par le système de gestion capitaliste. La civilisation industrielle est désormais assignée, avant toute autre considération, à produire du "profit financier". La civilisation industrielle est parvenue à son apogée. Vieillie, elle génère en ce moment plus d'inconvénients, de nuisances, d'exclusion, de désespoir que de raisons d'espérer, d'attirer et de retenir la confiance nécessaire à sa survie. La civilisation industrielle, puissante et efficace, à son apogée, est progressivement affaiblie. Elle est secouée par les luttes internes; luttes acharnées entre les différentes composantes légales ou illégales, connues ou occultes, industrielles ou commerciales, financières ou politiques, culturelles ou soi-disant "sociales"; toutes sont créées, organisées et dirigées en vue de la course - prioritaire ou exclusive - au profit financier. Dès lors, il est aisé de prévoir que les dynasties, les états-nations, les compagnies multinationales, les monopoles de production, les églises transformées en sectes, les sectes nouvelles et anciennes, les intégrismes, les mafias, les sociétés occultes, les partis politiques, etc., de par leurs luttes intestines, contribueront à sa disparition. Tous sont maintenant soumis aux règles non-écrites d'un jeu visant à un seul but : produire le profit financier et le profit du profit. Les armées, les milices, les hommes de main à la solde de ces différents pouvoirs continueront de s'affronter aussi longtemps que des armes seront en vente. Tous seront attentifs à localiser, à soudoyer, à écraser les alternatives ne relevant pas de la même règle du jeu. Mais ils ne pourront empêcher l'implosion de ce système. La civilisation industrielle souffrante de ces maux internes, sera de plus en plus affaiblie par la désaffection des individus, mais blessée, ses réactions seront de plus en plus à craindre. Aujourd’hui, en 2006, il semble évident que le terrorisme et les guerres-croisades antiterroristes confirment ce processus. Aux révoltés et allergiques, s'ajouteront, de plus en plus nombreux, ceux qui se trouveront écartés de la "course au profit et au profit du profit » qu'ils avaient entreprise. Autre désaffection déjà sensible, celle des jeunes. Ils observent chez les personnes âgées l'énorme disparité des retraites, après une longue carrière et l'adhésion au contexte "industrie / capital / profit". Pour eux, la perspective d'une vie professionnelle emplie d'incertitudes, amputée de l'espoir d'une fin de vie tranquille pour eux-mêmes et d'un (bien-)être pour leur descendance est proprement insupportable. La civilisation "Industrie / Capital / Profit" survivra tant qu'elle aura la possibilité de créer du profit par l'exploitation de la matière première, de la production agricole et industrielle, l'exploitation des vices humains, de la crédulité, de la cupidité, de l'agressivité. Cette analyse pourrait conforter le bien-fondé de toute proposition alternative porteuse d'espoir. Dans le même temps, elle doit inciter à la plus grande circonspection dans notre démarche militante dans cet environnement. Que préserver du naufrage? La civilisation industrielle, liée dorénavant à son système de gestion capitaliste, poursuivra jusqu'à son extinction l'implacable "course au profit" qui reste sa seule justification. Cette civilisation "Industrie / Capital / Profit" est gangrenée par la concurrence permanente que se livrent différentes branches ou organisations mondialistes occultes et anonymes. Chacune s'appuie sur une forme particulière de pouvoir : économique, financier, politique, culturel, intégriste, terroriste, mafieux ! Toute autre forme d'idéologie, de déontologie, de moralité susceptible de contrebalancer ou de contrecarrer ces agissements est impitoyablement soumise, dévoyée par corruption, ou éliminée, détruite. Ultime "raison d'état" justifiant tout cela : le "profit financier". La civilisation "Industrie / Capital / Profit" a remplacé "l'utilisation" des richesses naturelles, de l'intelligence, de l'art et du travail humain par leur "exploitation" systématique. Elle ne propose plus d'assurer à chaque individu, en échange de son travail, de sa science, de son art, la sécurité monétaire élémentaire nécessaire à sa propre survie, ou, à défaut, la solidarité nécessaire au sein de la collectivité. Elle exige "le profit" avant tout en proposant à l'individu une association temporaire, provisoire, pour collaborer au seul but de générer un profit maximum. Dès que la performance diminue ou peut être obtenue par un autre moyen, le contrat cesse! le "profit" avant tout. L'individu, après avoir tenté le remède "lutte des classes", est réduit à l'alternative soumission ou exclusion. Devenu "money-positif" par contagion ou de façon héréditaire, l'individu, se soumet. La course au profit financier, véritable SIDA de la civilisation industrielle relève, somme toute, d'une sorte de justice immanente, et peut être considérée comme le châtiment reçu pour la rupture du contrat moral initial. Cette civilisation et son système de gestion obsolète ne vont pas disparaître magiquement du jour au lendemain, mais vont être remplacés par l'émergence de nouveaux projets. Osons avancer que, pour la première fois dans l'histoire, une civilisation ne sera pas "attaquée" par une civilisation différente "venue d'ailleurs". Pour la première fois elle sera supplantée par l’un des projets en gestation en son sein et qui saura répondre aux trois conditions fondatrices. Les peuples vivent dès à présent dans cette attente. De ce point de vue, si les SEL déçoivent, le Sociétalisme ranime l'espoir. Le projet sociétal comporte une alternative économique tout à fait complémentaire de l'autogestion monétaire SEL. Ici commence l'aventure à laquelle chacun peut et doit participer s'il n'est pas égoïstement attaché à maintenir des avantages acquis et autres privilèges obtenus par la course au profit financier. Le droit de s'enrichir à tout prix, sous prétexte d'assurer la survie de notre descendance mène au risque de disparition de l'humanité toute entière. Il faut avoir à l'esprit les trois conditions fondatrices pour déceler les vrais changements de société à venir et orienter nos actions individuelles. Intellectuels, penseurs, sociologues, futurologues vont jouer un rôle important dans ce changement, soit pour le supporter, soit pour le freiner ou le combattre. Chacun doit se préparer à sauver du naufrage le patrimoine matériel, les valeurs conquises et accumulées par l'humanité depuis l'aube des temps. La démocratie est l'une de ces valeurs élémentaires car elle est la base morale sur laquelle repose, pour chaque citoyen, la liberté de pensée et d'opinion nécessaires pour contribuer au processus de changement de civilisation. Cette prochaine civilisation mondiale, pour la première fois, ne se développera plus sur des objectifs "quantitatifs", mais sur des propositions "qualitatives". Les espaces restant à conquérir sont ceux de la prise de conscience et du libre arbitre individuel, de la sauvegarde et de la protection de tous les patrimoines, de l'organisation de l'accès de chacun à l' "être" collectif. Civilisation alternative ou virtuelle ? Les exclus du système "Industrie / Capital / Profit", les victimes de ses méfaits, expérimentent déjà les "formules de remplacement" d'où le profit financier est à priori exclus. Ce sont le bénévolat, le troc, les organisations humanitaires, bref tout ce qui se désigne habituellement sous le terme de "monde associatif", et parfois, souvent péjorativement dans la bouche des actuels nantis, "comportement alter". Cette évolution fait appel à des valeurs morales ou spirituelles fortes, telles que la solidarité, la tolérance, le civisme, l'écologie. De nouveaux types de relations supra-nationales semblent se développer. L'utilisation de troupes armées par l'ONU à des fins de retour à la paix est, dans son principe, un indice de cette évolution. Ces interventions sont en réalité limitées par les imbrications entre la hiérarchie militaire, les pouvoirs politiques et les lobbies militaro-industriels. Ces composantes étant chacune engagées dans le maintien d'une course au profit financier, ces opérations sont dévoyées vers ce même but: vente d'armes, contrôle des réseaux commerciaux, conquête de marchés de travaux, etc. Les interventions anti-mafia ou anti-drogue de troupes nationales se heurtent au même contexte, mais au fond, la tendance vers une évolution, vers une implication humanitaire de la force armée internationale est perceptible. Ce changement a été perçu par les milieux financiers. Nous avons déjà parlé du troc-bartering qu'ils développent. Autre indice : en France, les produits "FCP" (fonds communs de partage) attirent l'épargne dont une partie du profit est consacrée à la solidarité, à la générosité sous forme de dons à des associations chargées de la répartir. Mais ici encore, les rats défendent leur fromage ! Tout au long de la chaîne financière, gérants anonymes et conseillers éclairés orientent l'investissement spéculatif et ne renoncent jamais à leur pouvoir de décision et à leur part de profit. Une alternative de civilisation se mettra progressivement en place et supplantera la précédente lorsque, à travers le monde, une majorité d'individus adhérera personnellement à un projet nouveau, différent, qui doit maintenant s'exprimer, s'exposer. Par l'exercice des droits démocratiques, seront alors portés aux pouvoirs les représentants élus qui feront évoluer les systèmes économiques et sociaux. Les tenants de la civilisation en place ont à leur disposition les trois composantes du pouvoir, c'est à dire la richesse, la force et le savoir. Pour accéder aux pouvoirs, le savoir a désormais le rôle prépondérant. L'informatique et les techniques de transmission de l'information offrent et permettent l'accès au savoir. Le partage du savoir a été la plus grande victoire de la laïcité pour l’émancipation populaire. La vigilance reste nécessaire. La rétention du savoir est une technique de domination fort prisée en technocratie. Des projets épars tels les SEL ou le Mouvement Sociétal apportent des éléments indispensables à une réelle alternative de civilisation. Mais jamais il ne faudra compter sur un soutien volontariste des pouvoirs en place, sauf à obtenir quelque soutien limité ou de façade, ou exceptionnellement encore quelque soutien confidentiel d'édiles, probablement assortis de contreparties inacceptables. Le véritable développement d'une alternative passe nécessairement par l'adhésion et la coopération des individus aux systèmes parallèles émergents. Un projet alternatif de civilisation a maintenant les meilleures chances de voir le jour, et même le "grand jour". Le temps est venu pour les tenants des "savoir-faire" de reprendre la prévalence sur les tenants du "savoir faire-faire et en tirer profit", sans occulter le fait que d'autres tentatives initiales (radios-libres, coopératives d'achat comme FNAC ou Camif, et même le filon du "commerce équitable", désormais dominé par des multinationales dont les produits sont distribués essentiellement en grande surface) ont été systématiquement récupérées au fur et à mesure de leur apparition, et englobées par le système dominant au sein de l'idéologie "Industrie / Capital / Profit". Le temps est venu de réparer l'énorme gâchis sur lequel survit la vieille civilisation, de sauver ce qui peut encore l'être des patrimoines naturels et culturels de l'humanité. Les conséquences climatiques, la dépollution nucléaire sont caractéristiques d’énormes et inévitables travaux à venir. La technique financière actuelle externalise ces coûts, laissés à la charge du contribuable. De grands travaux de survie collective attendent l'humanité, qui ne pourront être entrepris et poursuivis que par une civilisation dédiée à l'art de vivre. A chacun-e d'en décider. Agir dans les SEL ou élaborer le sociétalisme sont d'innovantes façons d'initier un nouveau jeu de société dont les règles sont discrètement en train de s'écrire. Un autre jeu de société Le défi est d'organiser dans un esprit ludique, pacifique, tolérant, un réseau de plus en plus étendu de solidarité et d'entraide entre individus volontaires. La condition est de respecter et sauvegarder tous les patrimoines, de procurer la fierté de vivre et d'agir "humainement". La stratégie est de remplacer, enfin, et pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, la lutte pour la survie par la mise en oeuvre d'un "art de vivre" dans la solidarité entre volontaires participants. Enfin, le but du jeu est de contribuer à l'épanouissement d'une nouvelle civilisation de " l'art de vivre ", une civilisation de l'"être" remplaçant enfin le "paraître", visage grand-guignolesque et pathétique affiché par les démunis pour faire croire à leur "avoir". Ce parcours relève de l'acte de foi, et s'appuie sur le projet politique mis en oeuvre, de façon réaliste et pragmatique, dans de nouvelles relation économiques instaurées entre participants. Le but sera approché après probablement une ou deux générations, suivant la sincérité, l'intelligence et l'ardeur des volontaires qui s'y consacreront. La règle - fort simple - de ce jeu propose à chacun d'infléchir, d'adapter sa propre façon d'être en fonction du but à atteindre. L'art de vivre "global" commence par un art de vivre individuel et par la prise de conscience des obstacles à surmonter. Les règles impératives du profit et du gâchis régissent encore pour quelque temps nos sociétés, et chaque volontaire doit nécessairement envisager, pour lui-même, les mesures à prendre pour se dissocier de cet état de choses. SEL et le sociétalisme proposent des espaces de liberté indispensables pour dégager les individus et les communautés des innombrables dépendances imposées par le système dominant. Dans ce jeu, l'acquisition de la "non-dépendance" découle de la "non-soumission". La non-soumission implique à son tour la "non-domination" et la "non-violence". Non-dépendance <-> non-soumission, non-domination <-> non-violence, impliquent entraide et solidarité organisée et autogérée. Ces mêmes rapports de non-dépendance <-> non-soumission, non-domination <-> non-violence, pourront s'étendre aux communautés, lorsque les représentant(e)s selistes, sociétalistes, et celles et ceux d’autres mouvements similaires qui ne manqueront pas d'éclore, y représenteront une majorité "démocratique". Cette étape sera le passage à un nouvel état des relations sociales au sein de l'humanité. Le post-capitalisme est en marche. Il n'est pas irréaliste d'imaginer d'ores et déjà la post-démocratie. Le sociétalisme est inventé. Il reste à incarner. Les devoirs fondent les droits. Les volontaires participant à cette entreprise de salut humanitaire ont à s’imposer les devoirs de non-dépendance <-> non-soumission, de non-domination <-> non-violence. Et ces devoirs fondent leur droit à se déclarer en état virtuel de légitime défense. Légitime défense partout où les responsables "aux affaires" et au pouvoir ne peuvent empêcher les conflits, l'exclusion, les pollutions et la misère de mettre en péril la santé, l'existence même des individus, celle des êtres vivants et de l'environnement naturel nécessaires à la survie sur la planète, légitime défense pour l'organisation d'une solidarité humanitaire de survie dans le prolongement du selisme. Cette règle du jeu est la seule sur laquelle il est possible de fonder de nouveaux rapports entre les individus et les peuples, face à la dégradation de la situation générale sur notre petite planète. Jeu ou stratégie? Ce jeu n'est pas et ne peut pas devenir une confrontation stratégique. Pas de "conquêtes", pas de "mobilisation", pas de "luttes" pour ou contre ceci ou cela, ces mots peuvent être exclus du projet sociétal. Pas de stratégie, puisque ce jeu ne nécessite pas de ruse, pas de mensonge, pas de dissimulation, pas de trésor de guerre. La Nature et les Patrimoines préservés deviennent le Trésor de Paix du sociétalisme. Pas d'organisation "partisane" avec réunions de cellules, meetings, cotisations, fédérations, carte d'adhésion. Pas de primaires, pas de délégués, pas de slogans ! Pas de "mot d'ordre" ni d'affichage ! Pas de Président d'honneur, de Secrétaire général, de permanents, de signe distinctif, d'apartheid. Le sociétalisme est un jeu de construction. Il n'y est pas question de prendre d'assaut, de brûler ou d'écraser la vieille société. Cette civilisation est encore notre maison avec tout ce qu'elle contient. Elle va d'elle même vers son évolution au fur et à mesure de la désaffection des gens sensés et des luttes internes. Jeu de construction: bâtir, agrandir, embellir la demeure neuve du système Savoir-faire / patrimoine / art de vivre. Ce projet sera dédaigneusement qualifié d'utopiste par ceux qui au nom de "l'ordre établi" continueront de défendre leurs privilèges dans la course aux profits " à tout prix ". La mise en œuvre est commencée : écologistes, humanistes, futurologues, sociologues et scientifiques, inquiets de nos erreurs et de notre devenir, en ont déjà exprimé les fondements. ONG, associations et comportements "alter" prouvent que la mise en oeuvre a démarré, sporadiquement, et qu'elle monte en puissance. L'immense majorité silencieuse ne pouvait, ou ne savait comment s'exprimer et agir. Le selisme a défriché une voie, celle du sociétalisme, incarné ici par un projet cohérent de société: l'écoocivisme.
1LETS: Local Exchange Trading System, traduit en français par SEL: Système d'Echange Local Date de création : 16/09/2012 : 11:42 |