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Ecoocivisme - h - gestion des ressources

 

La gestion des ressources

La gestion des ressources primaires

Ressources épuisables ou difficilement renouvelables

L'écoocivisme propose que les ressources épuisables ou difficilement renouvelables soient gérées au niveau mondial par des conseils supra-nationaux, dans l'optique d'octroyer ces ressources en priorité aux industries indispensables qui font preuve de parcimonie dans l'usage des dites ressources. Ainsi, il devient quasiment impossible d'utiliser le pétrole qui reste pour le brûler dans nos moteurs, sachant que des solutions existent pour rouler autrement qu'avec du pétrole, et que ce produit nous est bien plus précieux en tant que base de la pétrochimie. En effet, le pétrole sert pour fabriquer tant et tant d'objets plus indispensable que du carburant, pour lesquels il ne peut être remplacé. C'est le cas de nombreux médicaments, de toutes les matières plastiques, etc. Nous n'avons pas ici l'ambition de redéfinir les usages du pétrole, mais en ces années de "peak oil"1, il nous semble important de rappeler que l'une des ressources les plus précieuses que porte notre planète est en passe d'être dilapidée sans raison, en nous octroyant au passage un risque climatique majeur.

Il en va de même pour tous les matériaux que notre Terre porte en son sein, et qui sont des éléments indispensables de certaines technologies qui peuvent nous apporter beaucoup de bien-être, mais que l'on gaspille aujourd'hui pour fabriquer des gadgets inutiles. Pensons entre autres aux métaux rares qui nous utilisons à outrance dans des bidules électroniques sans valeur, alors qu'il sont indispensables à la réalisation de vraies autoroutes de l'information, et à la création de véritables moyens de communication. Nous pensons que le développement du transport d'information est une des clés de notre avenir, car en permettant le transfert rapide et sûr des informations, on évite de transporter le support de l'information, et on évite parfois de transporter des matériaux d'un point à un autre, tandis que d'autres à côté font la même chose dans l'autre sens. Le transport d'information est un des plus puissant moyen de gérer un système complexe avec un minimum d'énergie, et c'est exactement ce que fait notre propre système endocrinien, qui avec quelques milligrammes de matière (les hormones) et un peu d'énergie (l'influx nerveux) réussi à maintenir en équilibre homéostatique toutes les fonctions de notre organisme.

Enfin, il est établit que, dans l'écoocivisme institué, l'ensemble des ressources non renouvelables font l'objet de mesures systématiques de recyclage. Ainsi, nous proposons que tout artefact qui comprend en son sein une part de matière première non renouvelable soit dès l'origine conçu en vue de récupérer cette matière. Il porte gravé en lui un code unique, permettant de retrouver dans les bases de données mondiales toutes ses caractéristiques, et surtout les instructions de démontage, la nature des éléments à récupérer, leur quantité, leur localisation, etc. Ces données sont ensuite couplées aux bases de données les plus récentes sur les traitements de recyclage, et l'objet est dirigé vers le centre le plus proche susceptible de le traiter avec efficacité.

Nous devons cesser de brûler tous nos objets en fin de vie, puis d'en enfouir les cendres sans tenir compte du fait que ces cendres (ou plus exactement "résidus d'incinération") contiennent souvent des métaux rares à des concentrations très supérieures aux limites actuelles d'exploitabilité des gisements naturels. Autrement dit, les résidus d'incinérations sont potentiellement des gisements poly-métalliques exploitables. L'écoocivisme contient en lui les fondements éthiques pour refuser totalement le "retour" à la nature de matériaux non biodégradables en un temps raisonnable, c'est à dire des matériaux dont le temps de résidence dans les milieux naturels constitue une menace pour l'avenir. Les structures écoociviques gestionnaires des problèmes environnementaux, fortement impliquées donc dans la gestion des ressources, mettent en avant les objectifs d'intégration des cycles de vie des artefacts humains aux grands cycles biogéochimiques de la planète.

L'écoocivisme se base pour gérer les ressources non renouvelables sur une discipline nouvelle, la géo-ingénierie, ou ingénierie planétaire, qui a pour vocation de décrypter les cycles naturels, et de chercher les moyens les plus sûrs d'y raccorder nos propres cycles, sans perturber au delà des seuils critiques aucun des cycles naturels. Cette discipline, et cette gestion, impliquent pour l'humanité de prendre conscience de la réalité de sa position sur Terre, à savoir que nous n'avons pour l'instant qu'une seule planète, et que nous ne pouvons pas la détruire, sous peine de mort. L'humanité doit prendre conscience des temps spécifiques des cycles planétaires de formation des ressources, et des temps de ses propres activités, et gérer en conséquence. Au final, nous devons apprendre à gérer les cycles de vie de certains artefacts qui sont supérieurs à la durée d'une vie humaine, et même pour certains sans doute supérieurs à la durée de vie de plusieurs générations (cas des installations nucléaires, mais aussi impact de nos milieux urbains en général, changements climatiques en cours, etc). L'humanité doit faire sien l'adage "Nous ne recevons pas la Terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants", et apprendre à faire "maintenant" en tenant compte de l'effet de "maintenant" sur la septième génération.

Les politiques de gestion des ressources primaires non renouvelables sont du ressort de l'organisme technocratique que nous avons évoqué plus haut, au chapitre de la structure de la société. L'ingénierie planétaire est l'outil principal utilisé par cet organisme pour justifier ses décisions. La variation au niveau global des coefficients de sociétalité des productions consommant les ressources primaires non renouvelables est son principal mode d'action.


 

Ressources renouvelables

La gestion des ressources renouvelables se fait au sein de l'écoocivisme dans le même respect que celle des ressources non-renouvelables. En particulier, l'ingénierie planétaire nous apprend quelles sont les limites de chaque ressource, ses temps spécifiques de renouvellement, le taux d'exploitabilité, les perturbations induites sur le milieu par la dérivation d'une fraction de la ressource vers l'anthroposphère2, les perturbations induites par le retour de la ressource usée dans le milieu naturel, etc. L'ingénierie planétaire nous guide aussi dans la manière de gérer les déchets de l'exploitation des ressources renouvelables, en nous apprenant où, sous quelle forme et en quelle quantité nos déchets sont le plus susceptible d'être absorbés et recyclés dans le milieu naturel sans dépassement des seuils de stabilité des grands cycles biogéochimiques.

Les ressources renouvelables principales comprennent l'eau, les sols agricoles, les ressources halieutiques, les forêts et autres espaces exploités à l'état semi-sauvage ou sauvage, ainsi que tout ce qui, une fois détruit par l'exploitation humaine, a des chances de revenir sans aide à son état initial en un temps raisonnable (disons, le temps d'une vie, ou "seulement" quelques siècles pour les ressources les plus lentes comme les forêts ou les nappes phréatiques profondes). L'eau, pour sa part, entre dans une catégorie spéciale, du fait de son importance primordiale pour la vie. Par suite, son cas peut être traité ici, mais aussi sous les rubriques "espace", "alimentation", et "santé". Espace, car la gestion de l'espace doit tenir compte des impacts des activités engagées sur la ressource en eau (quantité et qualité), alimentation car l'eau potable est le complément indispensable à une nourriture saine et abondante, et santé car l'accès à l'eau potable est une des facteurs principaux de bonne santé (ou du moins, son absence est une des causes principales de l'existence de foyers épidémiques récurrents). La ressource en eau est donc une des plus importantes, celle pour laquelle un mode de gestion raisonnable et équitable doit être trouvé au plus vite. L'écoocivisme comporte donc une structure de gestion dédiée à l'eau, en relation étroite avec les domaines précités.

Enfin, il est évident que le simple bon sens et la gestion raisonnée des ressources appliquée partout au sein de la société écoocivique est déjà un grand pas dans la bonne direction, sans parler de techniques lointaines et impérieuses. Quand la majorité de la production agricole est tournée vers la production biologique ou raisonnée pour les besoins essentiellement locaux, nous avons déjà fait un gros progrès, et il n'est pas pour cela besoin de connaître les cycles biogéochimiques du carbone, de l'azote et de l'oxygène. Les principes de culture de la "Terre Vivante" exposés par Pierre Rahbi3 et quelques autres suffisent à partir dans le bon sens.

Ici encore, l'organisme technocratique planétaire intervient, mais cette fois en plus profonde synergie avec les niveaux locaux, et surtout par l'intermédiaire de son réseau de collecte d'informations, qui est mis à la disposition des décideurs locaux. Il assure aussi une mission d'expertise, d'accompagnement et de conseil. En effet, la réalité d'une ressource renouvelable n'est pas la même partout, et sa gestion doit surtout prendre en compte les caractéristiques locales de la ressource; pensons à l'eau, qui ne peut pas être gérée de la même manière en Irlande et dans le Sahel, et donc l'organisme technocratique ne peut pas imposer les mêmes critères de gestion de l'eau aux Irlandais et aux Maliens.


 

Espace

Une des ressources majeures de notre civilisation est l'espace, au sens de la surface occupée au sol; l'espace péri-terrestre et au delà n'est pas considéré ici, car trop marginalement accessible pour constituer aujourd'hui une véritable ressource, encore que de la façon dont nous l'encombrons de débris variés, nous risquons d'obérer les efforts des générations futures pour coloniser les alentours de la Terre, puisque ces débris nombreux constituent déjà un vrai risque pour tout objet circulant en orbite basse. L'espace sur notre planète est limité, au regard des conditions de vie qui nous sont favorables. En effet, une fois enlevées les surfaces de l'océan, des hautes montagne et des déserts, il ne reste plus tant que cela de terres accueillantes capables de subvenir aux besoins alimentaires d'une forte densité de population. De plus, la pression démographique actuellement croissante, et l'extension urbaine associée, font considérablement augmenter notre emprise sur les terres "utiles", rarement dans le sens d'une meilleure utilisation ou d'une moindre dégradation des milieux.

L'écoocivisme propose de gérer l'espace disponible comme une ressource non renouvelable. Sachant que l'objectif principal de toute activité est de réduire son propre impact sur les cycles naturels, les infrastructures urbaines doivent devenir réellement durables, et donc leur emprise sur l'espace doit se concevoir comme étant quasi définitive. A partir de là, la gestion de l'espace, et sa répartition entre les différents pôles d'activité humaine (culture, habitat, industrie, exploitation de ressources naturelles) doivent être soigneusement pesées, car les choix d'aujourd'hui guident ceux de l'avenir. L'écoocivisme est donc créateur et gestionnaire d'un plan global d'occupation de l'espace, qui tient compte de prospectives à long terme, comme l'évolution de la population, la modification des sols agricoles avec l'exploitation, les programmes de restauration et d'exploitation raisonnée des grands massifs forestiers, les besoins industriels en matières premières, l'évolution de ces mêmes besoins et l'impact de l'industrie, de l'agriculture et de l'urbanisme sur les cycles biogéochimiques. Par exemple, avec le déclin possible, sinon probable, de la population mondiale après 2050-2100, suite à une dégradation des conditions environnementale ou à une élévation des conditions de vie (entraînant une baisse de la mortalité infantile, et l'instauration de systèmes de retraite et de vie au grand âge ne reposant pas sur les seuls descendants directs d'un couple donné), il y aura un retour de grandes étendues de banlieues à la nature. L'écoocivisme doit prendre ce fait en compte, et commencer dès maintenant à penser à l'usage qui sera fait des espaces ainsi libérés (par exemple, éclater l'habitat urbain, et répartir l'espace libéré au sein des villes, pour favoriser la production locale de vivres et réduire les transports, ou bien concentrer l'habitat autour des centres actuels et développer l'agriculture sur les banlieues abandonnées).

Là encore, l'organisme technocratique apporte soutien et conseil aux groupes locaux, pour coordonner au mieux l'utilisation de l'espace, et pour limiter l'emprise des infrastructures les plus dommageables à l'environnement.

La gestion des ressources primordiales

A: les ressources physiques

Alimentation

L'alimentation est la première ressource dont la gestion inique mène actuellement à des catastrophes humanitaires d'ampleur génocidaire. Comment en sommes-nous arrivés, par exemple, à voir des paysans sans terre mourir de faim dans des pays exportateurs de coton ou de café? Comment en sommes-nous arrivés à détruire des stocks de céréales pour maintenir des cours artificiels, ou encore à geler des terres arables, quand 800 millions d'êtres humains souffrent de sous-nutrition chronique4? L'accès sans condition à une nourriture saine et variée pour tous les êtres humains est un des principaux objectifs de l'écoocivisme, un objectif qui sous-tend l'instauration et le respect du droit à la vie digne et paisible sur le sol de son choix pour chacun d'entre nous. Pour y parvenir, les instances écoocivique en charge de la gestion des ressources et en particulier de l'espace, déterminent quelle fraction des terres d'une région peut être consacrée à des cultures non vivrières, destinées à des industries autres (café, coton, cacao, biocarburants, etc). Le principe de base étant que jamais une population donnée ne doit dépendre du produit du commerce de sa production agricole pour se nourrir. Autrement dit, l'objectif premier de la gestion des terres agricoles est l'auto-suffisance alimentaire des régions limitrophes.

Cette gestion est assurée au niveau communal et au niveau régional, le cas échéant avec l'aide des informations apportées par les agences de l'organisme technocratique. En particulier, le suivi des conditions naturelles au jour le jour, à l'aide des techniques modernes d'observation et de prévision, permet de gérer les crises locales, en reportant sur des régions non affectées la production nécessaire à telle ou telle population victime de conditions défavorables (sécheresse, attaque de ravageurs, etc). La seule alternative à ce plan d'auto-suffisance alimentaire région par région, est la gestion coordonnée au niveau mondial des cultures vivrières et industrielles, avec le risque de déclencher, par la monoculture extensive, des catastrophes phytosanitaires d'ampleur mondiale. Un risque qui ne peut être partiellement compensé que par un usage intensif des techniques les plus agressives pour l'environnement (réduction drastique de la bio-diversité, usage de pesticides, culture industrielle, organismes génétiquement modifiés, etc).

Sur la plan de la nature des cultures, l'écoocivisme prône le retour à une alimentation essentiellement végétale pour les humains. En effet, la filière de la production industrielle de viande est très énergivore, comporte des risques pour l'environnement (rejets massifs de déjections, antibiotiques, hormones féminisantes, etc), et constitue un risque majeur sur le plan épidémiologique, comme le prouvent les épizooties récurrentes de ces dernières années (vache folle, peste porcine, grippe aviaire,...), avec pour certaines des risques avérés pour les populations humaines. En outre, la production de viande consomme de trois à dix fois plus de calories d'origine végétale que ce qui est fourni en viande consommable. Réduire notre consommation de viande, c'est consommer nous même directement les calories végétales, et donc réduire le besoin impérieux de productivité des surfaces ensemencées. Par suite, la pression sur l'environnement agricole diminue, ce qui permet de réduire les apports de fertilisant, pesticides et autres produits toxiques. Enfin, l'homme ne pouvant se contenter de brouter de l'ensilage, réduire sa consommation de viande, c'est augmenter la demande de produits végétaux diversifiés, ce qui permet l'éclatement du parcellaire des cultures, et réduit d'autant les risques d'invasions de ravageurs. Encore une fois, ceci entraîne une baisse de l'emploi de pesticide, et donc réduit d'autant l'impact de l'agriculture sur l'environnement.

Bien évidemment, personne n'interdira la consommation de viande, mais sans doute qu'un éveil des populations à ces thématiques portera ses fruits rapidement, d'autant plus que le plaisir de consommer occasionnellement une viande de qualité est incomparablement supérieur à celui d'ingurgiter chaque jour sa triste ration de steak aux hormones5.


 

Santé

La santé entre directement dans le champ du capital humain. Le premier point en ce qui concerne la santé, c'est évidemment d'avoir accès sans condition à une nourriture saine et variée, et à l'eau potable. Ce point a été abordé ci-dessus. Le second point concerne l'accès aux soins médicaux. Il est évident que la santé ne doit pas être affaire de richesse personnelle, aussi l'écoocivisme se dote-t-il d'une médecine accessible, gérée selon un système de tickets modérateurs, voire gratuite pour tout le monde dès lors que le richesse produite par la communauté le permet. Au delà de l'aspect financier, l'accès physique aux soins est un facteur primordial de santé. En effet, il est reconnu que des personnes qui vivent loin des centres de soins attendent souvent qu'il soit trop tard pour consulter. A ce moment, le mal a évolué, parfois au point de devenir, hélas, incurable. L'écoocivisme propose donc d'utiliser les ressources humaines libérées du travail-survie obligatoire pour former un nombre conséquent de praticiens, et d'investir massivement dans la création et le maintien de centres de santé locaux. Ces centres ne sont pas isolés, mais restent en liaison permanente avec des réseaux de centres hospitaliers plus importants, et peuvent, par le biais du partage de l'information, bénéficier très rapidement des dernières avancées techniques et pratiques.

Le développement réel des autoroutes (libres) de l'information, souhaité par le projet écoocivique, rend effective la télémédecine, et fait que chaque patient en situation critique est assuré de trouver le concours du médecin le plus compétent pour son cas.

La formation de personnel soignant, inséré en milieu médicalisé ou au sein de la population générale, permet par ailleurs d'assurer un suivi de qualité directement auprès des patients.

Enfin, pour terminer cette rubrique sur un clin d'oeil, gageons que la réduction de la taille des centres médicaux est un facteur d'amélioration de la qualité culinaire des repas qui y sont servis.


 

La gestion des ressources primordiales

B: les ressources intellectuelles

Quiconque a visité Florence, où l'histoire se vit dans la rue, et où les arts et les sciences, protégés par des puissants ouverts au monde, ont donné en trois cent ans quelques unes des plus belles réalisations du monde (faut-il rappeler que Florence protégea Michel-Ange, Donatello, Léonard de Vinci, Dante, Amerigo Vespucci, Machiavel, Galileo Galilei, dit Galilé, et tant d'autres que les rues de la ville ne suffisent même pas à les honorer tous?), se trouve pris de vertige en imaginant ce que serait notre monde si, par le miracle d'une économie de prospérité partagée, les arts, les sciences et la philosophie avaient de nouveau toute liberté pour s'exprimer et se rencontrer. Que deviendraient nos villes dans un système économique entièrement dédié au bien être matériel de chacun, et où par conséquent tout le monde pourrait s'adonner, selon ses désirs, à la pensée? Imaginez la Florence de la Renaissance, ou la Cordoue des rois Maures, transposées dans la science du XXIème siècle. Nul doute que, permettant et encourageant le développement des ressources intellectuelles et artistiques, les nations écoociviques, une fois établies, rayonneront sur le monde pour longtemps, et deviendront un phare, un exemple pour l'humanité.


 

Instruction

Il n'y a pas de liberté sans conscience du monde. Celle-ci est directement tributaire d'une instruction de qualité, ouverte, pluri-culturelle. La formation et l'instruction ne s'arrêtent pas avec l'entrée dans le monde du travail, et l'être humain peut, à tout âge, entreprendre une nouvelle formation, changer de voie ou même apprendre à lire. L'écoocivisme veut se doter d'un système éducatif ayant pour vocation non pas de formater des citoyens pour les insérer dans une société figée, mais bien d'apprendre à apprendre. L'instruction commence par des bases incompressibles d'apprentissage, qui donnent au jeune enfant les outils indispensables que sont la lecture, l'écriture et le calcul. Dans le même temps, et dans les années suivantes jusqu'à l'âge adulte, l'enfant est amené à réfléchir sur le monde et sur sa place dans le monde. Il est en particulier confronté à cette réalité: tous les hommes sont égaux, et aucune culture ou religion n'est supérieure à une autre. Les maîtres mots de la phase initiale de l'instruction sont "respect et tolérance".

Par la suite, tout être humain est encouragé, par des allocations disponibles sur demande, à entreprendre un voyage initiatique à la rencontre des autres cultures du monde. Ces voyages se font au long cours, pour une durée maximale de cinq ans, répartis par tranche de une année, tout au long de la vie de chaque individu (et cumulables sans interruption sur deux, trois, quatre ou cinq ans). Ce droit au voyage est une garantie que chacun peut, sans peine, accéder à la culture de l'autre. La garantie que tous les rêves des enfants ne seront pas perdus. C'est un droit, pas une obligation, mais expérimenter par soi-même sur le terrain le fait que tous les modes culturels sont valides est un facteur important de prise de conscience de la réalité de notre planète. Ces voyages se font sans l'aide de moyens de communication rapides (autrement dit, l'allocation ne prévoit pas les billets d'avion), mais à l'aide de moyens lents et conviviaux (bateaux, vélo, train, etc). Le but du voyage n'est pas de passer à toute vitesse d'un hôtel standardisé à un autre, mais de faire se rencontrer les cultures, en envoyant les personnes vivre, pour quelques jours, quelques semaines ou quelques mois, la vie des autres, au sein des populations locales. L'allocation couvre les frais inhérents aux déplacements, au logement et à quelques achats de matériel. La vie domestique est toujours assurée par le viatique, que le voyageur conserve comme droit inaliénable. Le travail salarié n'est pas permis durant ces périodes, mais rien n'empêche le voyageur de participer bénévolement aux activités communautaires des populations rencontrées.

Enfin, au cours de sa carrière salariée, tout un chacun est encouragé à entreprendre des formations, et à améliorer ses compétences. Des facilités sont offertes pour favoriser l'élévation du niveau culturel et professionnel de la population, à tout âge. De la même manière que chacun est crédité à sa naissance d'un capital de cinq années sabbatiques pour la découverte du monde, chacun à le droit au cours de sa vie adulte (après la période de scolarité obligatoire) à cinq autres années de formation en tant que salarié en activité (ce qui exclut les années de formation supérieure initiale: la formation en instituts d'études supérieures sous le statut d'étudiant non salarié n'entame donc pas ce capital de cinq années de formation).


 

Connaissance / recherche

La plus grande richesse que l'homme puisse produire sans impact majeur sur l'environnement est la connaissance. L'exploration des frontières de la science est une aventure toujours renouvelée, et la levée du frein financier sur les besoins de la science permet à l'écoocivisme de devenir une civilisation de la connaissance. Qui sait ce que nous révélera de merveilles une physique disposant sans entrave des machines les plus puissantes? Que pourra pour nous tous une médecine riche de matériel, certes, mais aussi d'hommes et de femmes brillants, travaillant sans limitation budgétaire?

La libération de la connaissance est une des clés de voûte de l'écoocivisme. Libération non seulement des limitations budgétaires (puisqu'il suffit de créer la monnaie pour que les besoins soient comblés), mais aussi des limitations humaines (à travers l'accent mis sur la formation et par la libération des compétences jusqu'ici bafouées pour des raisons économiques), et surtout des limitations légales. En effet, l'écoocivisme est une société ouverte, au sein de laquelle la propriété intellectuelle ne représente pas un avantage compétitif, ni le brevet un atout décisif. La liberté d'entreprendre est garantie par le généralisation du mode "OpenSource"6 à tous les domaines de la créativité humaine. Le mode économique écoocivique est celui de la coopération, de l'émulation et du profit collectif, qui remplacent avantageusement nos actuels compétition, concurrence et profit personnel. L'innovation et la découverte écoociviques sont des biens communs de l'humanité, et la propriété intellectuelle réductrice est abolie.

Afin de favoriser cet état de fait, une entreprise qui innove en termes d'amélioration de la sociétalité de ses techniques de production doit révéler son innovation pour que sa production bénéficie de cette avancée (augmentation des salaires des employés, réduction de l'écootaxe sur la production). Ce faisant, elle dépose son avancée dans la corbeille commune de l'humanité, afin que toutes les entreprises qui utilisent des procédés voisins ou identiques puissent en profiter. L'avantage collectif est certain, et l'avantage particulier de l'entreprise innovante aussi, puisque durant le laps de temps au cours duquel ses "concurrents" n'auront pas encore mis en place l'avancée technique en question, ses employés auront bénéficié d'un avantage salarial sur ceux des autres entreprises du secteur.

En ce qui concerne la recherche fondamentale sur financement collectif (instituts universitaires, etc), la connaissance étant permise par de la monnaie détruite collectivement via l'écootaxe, elle appartient bien à la communauté, et ne saurait en aucun cas faire l'objet d'une exploitation pour un profit personnel. Le raisonnement est ici le même que celui qui mène à considérer que l'entreprise n'est pas propriétaire de son outil de production; le scientifique n'est pas propriétaire de la connaissance qu'il produit.


 

Information / média

Aucune société libre ne peut exister sans liberté d'informer. La théorie écoomonétaire prévoit l'existence d'un type particulier d'entreprise, appelé ESOdE, pour "entreprise Sans Obligation d'Equilibre". Le principe est simple; les ESOdE ont l'obligation de chercher l'équilibre, mais pas celle de l'atteindre. Autrement dit, elle cherchent à couvrir au mieux leur création monétaire par des ventes, et le reste est absorbé par l'ensemble de la collectivité via l'écootaxe. Ces entreprises comprennent entre autres les média et l'édition, y compris musicale et artistique.

Du point de vue des média, cela implique que la liberté d'édition est totale, celle d'informer aussi, et que les média ne dépendent ni de l'Etat ni d'investisseurs privés pour leur survie. Ils sont aussi affranchis du besoin d'annonceurs publicitaires. Leur indépendance est complète, et l'information qu'ils relaient peut donc être de qualité.

Il a été postulé par Yona Friedman7 que la mondialisation de l'information était en fait un recul pour l'évolution sociale, en ceci que l'information globale est uniformisée et standardisée afin de correspondre à la masse d'information moyenne recevable quotidiennement par un humain moyen (problème corrélatif à celui de l'accès); par suite, des milliers d'informations, d'innovations et d'idées ne sont tout simplement jamais exprimées à travers un médium. L'information continue globale est un leurre. Pour reprendre le texte d'une chanson, "plus on nous en dit, plus on ne sait rien"8. Toujours selon Friedman, la véritable information plurielle est liée à la possibilité de créer et diffuser des milliers de petites éditions d'information. Dans ce cas, certes, chacun ne connaît pas la totalité du contenu médiatique, mais toutes les idées nouvelles peuvent être exprimées, trouver une audience, et poursuivre leur diffusion (et ce d'autant plus que l'usage des licences de type "OpenSource" est plus large).

Le but de la politique écoocivique en matière de média est exactement dans l'axe de la pensée de Friedman, et l'écoocivisme veut se doter d'un réseau d'information riche et de qualité, au sein duquel chaque idée peut trouver à s'exprimer. Le modèle économique des ESOdE permet cela, en créant un système automatique de subvention à hauteur exacte des besoins de chaque entreprise de diffusion de l'information (mais aussi de la création artistique). Nous basons notre vision de l'avenir médiatique et artistique sur l'explosion de l'édition et des labels indépendants, ainsi que sur les oeuvres auto-produites et auto-diffusées.

1voir par exemple http://www.oleocene.org pour des information sur le "peak oil", sa définition et ses conséquences probables.

2L'anthroposphère est le système complexe constitué de toutes les activités humaines, comme la biosphère est constitué de toutes les manifestations du vivant, l'hydrosphère de toutes les manifestations de l'eau liquide et de ses cycles profonds et atmosphériques, etc. Tout ces systèmes interagissent en profondeur les uns avec les autres pour donner le système global "Terre", en suivant des cycles complexes de durées et d'importances variables, générant de perpétuels flux de matière et d'énergie. Le résultat en est un équilibre dynamique global, qui évolue en permanence dans des limites elles-mêmes variables avec le temps. L'état actuel de notre planète est un "instantané" à l'échelle des temps géologiques, et le système "Terre" a connu des variations et des perturbation non-anthropiques dans le passé, qui l'on mené à avoir des visages très différents de celui que nous lui connaissons aujourd'hui (pensons à la terre des dinosaures ou au temps des grandes glaciations du quaternaire). Cependant, il semble que jamais encore la Terre n'avait connu des perturbations si rapides que celles actuellement en cours du fait de l'activité humaine, sauf les très grands cataclysmes responsables des extinctions massives d'espèces du passé. Ce dernier constat laisse matière à réflexion.

4"Les nouveaux maîtres du monde", Jean Ziegler, Ed. du Seuil, ISBN: 2020611775, et autres ouvrages du même auteur.

5Expérience personnelle du directeur de l'ouvrage.

6OpenSource: type de licence sur les programme informatiques qui donne à chacun le droit de modifier et redistribuer les codes sources des logiciels, commerciaux ou gratuits, à la seule condition que les modifications apportées restent elles-aussi soumises aux même règles d'ouverture. La plus célèbre licence OpenSource est la licence GNU (http://fr.wikipedia.org/wiki/Licence_publique_générale_GNU). Pour les autres types de bien intellectuels, citons les licences "copyleft" (http://wiki.crao.net/index.php/CopyLeft, http://artlibre.org) ou "Creative Commons" (http://fr.creativecommons.org), qui donnent un droit variable à l'accès, à la copie et éventuellement à la transformation partielle ou totale de l'oeuvre, sous réserve que ces copies, transformées ou non, continuent à être distribuées sous la même licence.

7http://www.lyber-eclat.net/lyber/friedman/utopies.html, résumé en quelques lignes sur HYPERLINK "http://tiki.societal.org/tiki-index.php?page=UtopieRealisable1" http://tiki.societal.org/tiki-index.php?page=UtopieRealisable1 et sur les pages suivantes (en lien)

8Jacques Dutronc


Date de création : 16/09/2012 : 12:07
Dernière modification : 16/09/2012 : 12:07
Catégorie : Ecoocivisme
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